Joseph POINT 23 août 1935 / 18 septembre 2020
Marie-Thérèse CAILLAUD* 27 février 1938 M:28 août 1962.
Sylvie 20 mars 1964.
Philippe RICARD* 3 juin 1961. M: 30 août 1985.
Matthias 10 juin 1991.
Juliette 31 mai 1994.
Inès 5 septembre 1997.
Martine 2 février 1966.
Bruno DUGAST* 6 août 1964. M: 29 juillet 1994.
Nicolas 18 décembre 1995.
Sandrine 1 février 1998.
Clara 2 novembre 2003.
Marie-José 9 avril 1971.
Jean-Maurice LEROUDIER* 27 septembre 1967. M:17 juin 2000.
Arthur 13 septembre 2001.
Alice 10 septembre 2004.
Joseph alias Zézé
Après avoir conduit Joseph au cimetière, nous nous sommes retrouvés en famille et avec les amis dans le jardin rue des Grands Murs. Avec André, nous avons évoqué l'idée d'écrire un article sur Joseph dans le « Point à la Ligne ». Sitôt dit, sitôt fait ou presque. La rédaction voulait retrouver des anecdotes de sa vie. Mais voilà, les témoins se font rares après le départ d'Henri, Jean, René, Raymond et Michel (peut-être moins concerné). La preuve Claude ne se souvient plus de rien ; 19 ans les séparaient.
Votre rédacteur en chef, n'ayant que 17 ans d'écart a réussi à retrouver quelques souvenirs même s'ils sont difficiles à dater précisément :
A priori Joseph est rentré de la guerre d'Algérie en janvier 59. Mais, il n'est pas rentré tout seul : il a rapporté une magnifique tortue qui a fait l'admiration des petits derniers. Combien de fois avons-nous testé sa solidité en montant dessus. Je me demande si nous ne l'avions pas testée avec le tracteur ! Elle a vécu quelques années dans le parterre devant la chambre de Jean et Madeleine, puis un jour elle a disparu, aucune enquête policière n'a permis de la retrouver. Après cet épisode, il y a eu le mariage en 1962 où j'ai certainement du avoir un cornet de jambon avec de la macédoine alors que les aînés dégustaient des fruits de mer. Par contre je me souviens bien de ce mariage double avec Bernard le frère de Marie-Thérèse en même temps. Pour mémoire Marie-Thérèse était la plus jeune et la dernière à se marier. La tradition dans le bocage était de faire casser les pots par les parents quand le dernier enfant se mariait. Si mes souvenirs sont bons, à la sortie de l'église à Pouzauges, un fil était tendu au travers de la rue avec 2 pots de fleurs accrochés. Arthur et Anne (les parents de Marie-Thérèse) devaient les casser avec une perche. Après quelques essais infructueux, ils y sont parvenus. Bien sur les 2 pots s'éclatèrent au sol. Et surprise d'un pot s'est échappé un cochon d'inde (heureusement Brigitte Bardot n'était pas invitée). Autre souvenir : été 1963. Claude et mois sommes allés une semaine en vacances chez Joseph et Marie-Thérèse. Pour nous sortir, ils nous ont emmené à la plage ; ce devait être notre 1ère fois. Je pense que nos slips (changés une fois par semaine le samedi) ont du servir de maillot de bain. La rentrée dans l'eau fraîche nous a quelque peu saisis et nous a fait monter une envie pressante. Pas un arbre dans le coin, alors comment fait-on? Joseph et Marie-Thérèse hilares, nous ont conseillé de nous laisser aller. C'est comme cela que nous avons été témoins et acteurs de la pollution des océans.
Guy n'ayant que 12 ans d'écart a plus de souvenirs même si certains furent douloureux. Laissons le raconter :
Mon grand frère et parrain a dû avoir vent de ma mésaventure avec Michel écrasé sous la pendule alors que je le prenais pour un bœuf que j’avais attaché à la comtoise. Il nous a fabriqué, «chapusé» ou «gossé» une superbe paire de bœufs pris dans une branche de noisetier. Il n’y manquait rien, ni les cornes, ni la queue et nous avons pu continuer à nous exercer au métier de paysan sans danger…
Retour des champs de mes frères aînés : chevauchant Périnette ou plutôt Rosette, trois jeunes ados hilares descendent le chemin qui revient du champ de la Maisanchère à la Chausserie. Zézé conduit l’équipée à cru sur la jument et les deux autres, Réné et Dédé, sont à l’arrière installés à l’envers en regardant la croupe. Fort de ce spectacle ahurissant, j’ai décidé bien plus tard de prendre des leçons d’équitation pour éviter tout risque de chute… Les résultats n’ont pas été à hauteur de mes espérances …
Retour de la messe le dimanche midi : à six ans, je n’avais pas l’âge requis pour assister aux Vêpres. Maman me confiait donc aux frères plus grands pour le retour à la Chausserie. Zézé, à force d’efforts pour grimper la butte des Landes, me ramenait sur le porte-bagages de son vélo en compagnie de ses copains Robert Roy et Constant Biteau qui l’accompagnaient pour refaire le monde avec lui à la ferme avant d’aller courir les filles l’après-midi aux fêtes de la joie de la JAC. Constant m’impressionnait par son langage châtié à tel point que je l’appelait « le Monsieur »…
Mes premiers pas dans le BTP à St Michel en l’Herm : le projet de maison de Zézé et Marie-Thérèse est inauguré par le creusement de la cave à coups de pioches, de pelles et de fourches à gravier. Pour ce faire, toute main d’œuvre disponible est requise et j’en suis à l’âge de 15 ans. Sans doute pas situé au bon endroit, je prends un coup de fourche de la part de Jean et finis KO dans les bras de Marie-Thérèse et Zézé qui me font retrouver mes esprits avec de la gnôle, le médicament universel de l’époque…
Autre témoin de cette époque notre sœur, Mimi,qui avait 10 frères et qui s'en est bien sortie. Voilà ce qu'elle dit de cette période :
Dans une lettre pour mes 60 ans Zézé me disait (ne marchant pas a leur rythme pour aller à l'école, c'était à qui me donnerait la main) : ils en avaient marre de m'attendre ; ils m'avait laissée un soir dans le bois de l'Audraire. C'est Henri le chef de la troupe qui avait filé au lit sans manger; c'était la sentence toute trouvée !!!!Les plus jeunes ont eu vent de la méthode avec les neveux je crois!!!!!Par contre je me souviens que mon baigneur (hé oui j'ai eu ça comme cadeau) est allé au plafond en guise de balle. Plus tard avec Zézé, dès le jeudi nous traçions notre itinéraire du dimanche pour déterminer qui était prioritaire sur le solex de maman en attendant qu il me conduise en voiture au cinéma contre échange de services bien sur !!! A ceux étonnés de la composition de notre famille je me fais un plaisir de dire : « les aînés j' ai du leur obéir et les plus jeunes je n ai jamais pu les faire obéir »!!!
En remontant dans la fratrie, André 2 ans plus jeune que Joseph est beaucoup prolixe pour raconter les souvenirs. Écoutons le:
A l’occasion du 70ème anniversaire de Joseph, j’avais écrit un texte sur nos souvenirs communs qui avaient étés réactivés lors d’un séjour d’une semaine avec lui et Marie Thérèse du coté de Lautrec le pays de Marie Josée et Jimmy. Comme je sais que vous avez tout oublié, j’en extrais quelques passages pour compléter les souvenirs de mes jeunes frères et sœur. J’utilise quelques mots de patois du bocage. Au besoin vous trouverez sûrement des aînés pour vous les traduire.
Ce qu’il y a de bien avec eux deux (Zézé et Marie-Thérèse), pas besoin de poste radio (nous avions oublié le notre). Pour France Musique il suffit de subier quelque notes même si elle sont fausses et Marie Thérèse prend le relais avec une série de ritournelles. Si vous vous voulez vous brancher sur France Info , tu lances juste un mot… « Ah oui y m’rappelle » s’empresse Joseph… et il vous enfile anecdotes sur anecdotes à n’en plus finir et vous fait revisiter le passé. Ce bagout, il l'a transmis à ces 3 gendres parfois avec un drôle d'accent.
Du passé parlons en un peu. T’étais gros comme un « rabortia », un vrai gringalet, leste comme un chevreau. Fragile quand même, si on te secouait un peu fort tu « désembouétais » facilement de l’épaule ou du coude. Tout le monde t’appelait microbe. Une de tes 1ères phrases à l’adresse de Menaine qui’avait dû te faire les gros yeux en louchant : « Si qu’yétais un chat, yérais pisser sous ton lit. » Une autre à ton frère Jean qui pour un soir couchait avec tante Thérèse : « T’as de la chance toi, tu seras le marié. »
Bien sûr durant notre séjour à Lautrec on a eu droit au déménagement à la Chausserie le 23 avril 1943 peu avant tes 8 ans. La cour du village où les érindes rampaient partout et s’infiltraient dans la maison. Leste comme un chevreau j’ai dit, sauf que les chevreaux quant il grimpent dans les «châgnes» têtards, c’est pas terrible… C’était dans le milieu du champ de « naurin », nous gardions les vaches sous le «châgne» ; dessous il y ’avait une dizaine de « chirins » (rochers)rassemblés pour que le brabant ne vienne pas se buter dedans quant il fallait labourer. Que s’est-il passé ? Est-ce un courant d’air ? Est-ce l’un d’entre nous qui l’avons poussé ? A-t-il ripé tout seul ? Va savoir… En tout cas il s’est retrouvé l’échine sur un « chirin »(rocher) pointu. Tout ébaudi. Il ne bougeait plus «guière ». Que faire ? Vite une bonne litière de fougères le temps de l’observation. Mais tout d’un coup du fond du jardin maman criait « à la soupe, à la soupe ! » Que faire ? On laisse notre Zézé complètement sonné, sans doute pas transportable. « Mais où qu’il est ? » demande maman. « Oh il a dit qu’il n’a pas faim, il est fatigué, et préfère rester se reposer. »Vite fait après le repas, les poches pleines de boustifailles, nous rappliquons dans le « naurain ». Il était réveillé, bien revenu à lui, Il a mangé d’un bon appétit. Comme quoi le temps d’observation, c’est important…
Faut y faire raconter comment il « penassait » mais surtout comment il fabriquait les « payens et les payounes » ; avec son espèce de poinçon triphasé il séparait l’ »érinde » d’églantier (pas d’osier) en trois, il la « raquiait » à la serpette ou sa « godrelle » affûtée à la cos en la coinçant sur sa cuisse jusqu’à elle devienne très souple et qu’elle puisse entortiller une paille « qu’avait une autre qualité que de nos jours… »
Tout le monde sait l’intérêt que Zézé eut de tout temps pour la musique et la danse. Aussi rien d’étonnant à ce qu’à la Toussaint 1951 il partit faire un stage de 1 an avec le musicien le plus renommé de St Mesmin Jojo Bitaudeau à l’Aubrière près de la Maison Neuve. Ca se passait comme ça à la foire de St Mesmin quand un paysan cherchait à gager un gars pour une année.Le dialogue s’établissait avec Papa. « Est-y libre ton gars ? » - « Oui, combien que t’en donnes » « Combien que t’en veux ?... » « Topette ! Allons y pour 12000 francs d’avant De Gaulle .» Il n’y avait pas de smic alors… Ce sera le même tarif pour moi à la Menantière de Combrand.
A cette occasion on doit lui acheter une montre et une bicyclette. Papa et maman empocheront le salaire et fourniront l’argent de poche. Ce vélo et celui de René, Guy s’en souvient, Michel et Raymond s’en souviendraient. C’étaient les taxis appréciés pour rejoindre rapidement la Chausserie le dimanche entre la messe et les vêpres. Parfois les taxis n’étaient pas disponibles parce que les parties de trut, de manille ou de baby foot s’éternisaient.
Comment expliquer son adresse au palet et celle de sa génération, même si elle est un peu dépassée par la suivante…Voici en quoi consistaient nos séances d’entrainement. « Il ne fait pas beau aujourd’hui,, vous allez couper du bois pour la cuisinière» disait papa. Dans la petite grange couverte de paille près de la mouche de fagots. On y travaillait à 4, Jean, Zézé, René et moi. On commençait par couper avec le feuillet et la chevrotte 4 grandes rondelles de châtaigner chacun et une plus petite pour le maître. Il arrivait souvent que le tas de bois coupé ne grossissait pas béred. Il l’arrivait aussi que papa survenait à l’improviste, jurait quelques « nom de bleu » après nous parce que le travail n’avançait pas…
En novembre 1956 tu pars à l’armée chez les tringlots au camp d’Auvours. T’y passes ton permis de conduire. T’aurais pu faire carrière, t’en avais la tête. Dommage, t’avais les pieds plats. Tu as remplacé Jean en Algérie, René te remplacera après ta démobilisation en Janvier 1959. (26 mois de service pour « pacifier l’Algérie !!! )
C’est avant ou après cette longue période que tu te fais remarquer sur les pistes des stades lors des fêtes de la joie ou fêtes de la terre organisées par la JAC, organisation catholique rurale qui aura influencé positivement notre génération, Raymond compris. Pendant que Jean se montrait intraitable au tir à la corde, tu étais le spécialiste du 400m. Ton secret, partir à contre courant du reste du peloton ; bon moyen d’être sûr de t’approcher le plus possible des 1ers... Et bien sûr tu étais le plus applaudi !
C’est sûrement dans ce contexte que tu as réussi à dégotter dans un trou de maison, dont on ne sait pas s’il est de la Poumeraie, la Fociére ou Pouzauges, (Chevet) la petite chanteuse et danseuse dont tu rêvais. Tu n’as pas dû passer beaucoup de temps à la choisir, « c’était la dernière qui restait là bas. »
Entre temps comme il n’y avait pas assez de boulot à la Chausserie, que papa ne voulait pas se lancer dans l’élevage de poulets ou de canards, tu hésites entre la calculette, la truelle ou la pipette. En effet Lili, moyennant un concours tout à fait à ta portée te proposait d’entrer au Crédit Agricole. Jojo Bitaudeau qui avait troqué l’accordéon pour la taloche te proposait de rejoindre les 10 salariés de l’entreprise. Tu as opté pour la pipette au contrôle laitier. Peut-être une attitude réflexe, toi qui comme nous tous à l’époque as sondé dans les caves les barriques de Noa et de Bacco avec le même outil. On se souvient de tes premiers contrôles laitiers, à plat ventre sur ta mobylette bleue équipée de ta grosse caisse à outils.
Tu avais donc ton permis de conduire et tu as donc été le premier avec Jean à conduire la 1ère 4 CV que vous aviez achetée ensemble. Madeleine se souvient d’une virée où vous alliez au « chevet » de ta prétendante souffrante. Elle se souvient surtout du dernier virage ; les ceintures de sécurité n’existaient pas et la portière arrière n’étant pas verrouillée, elle a failli se retrouver en roulé boulé au fond du fossé. Tout est vrai dans ce texte, à la virgule près. Cependant Marie Thérèse a une autre version de l’événement… Faites lui raconter et méditez sur la fiabilité des témoignages dans la grande Histoire.
Au cours de cette semaine à Lautrec, en plus des bains et des parties de tarot tu nous gratifiés de quelques versets excellents pour la mémoire et pour s’assoupir les mandibules :
*Si six scies scient six cyprès
Six cents scies scieront six cents cyprès…
*Trois tortues trottaient sur trois trottoirs très étroits.
Dans le jardin , rue des Grands Murs, la rédaction a retrouvé un autre témoin de l'adolescence de Joseph : Tante Mimi. Pour la resituer, tante Mimi était la tante de sa sœur Madeleine parce que Jean était le tonton des enfants de son tonton Raymond, oups ! Voilà son souvenir bien particulier :
Raymond et moi avons fait un pèlerinage à Lourdes en Août 1951. Nous avions emmené Jean et Zézé ( Lourdes étant une destination très prisée dans la famille). C’était un « vrai » pèlerinage. La journée entière se passait sur le site avec participation à tous les offices !!! (pendant 4 jours). La journée se terminait par la « procession aux flambeaux ». Pour y participer, il fallait, le premier soir, acheter un cierge (spécial longue durée sans doute). Après l’achat de ces fameux cierges, il fallait longer le Gave pour rejoindre le départ de la procession. C’est pendant ce parcours que Zézé a jeté son cierge dans le Gave en disant « va voir Marie à la Chausserie ». A 16 ans, il devait être en pleine crise d’adolescence. L’achat d’un autre cierge a donc été indispensable pour continuer les festivités religieuses!!!